Thèse
«Oui chef ! » Une étude ethnographique, multimodale et longitudinale de l’interaction maître apprentie en cuisine : contribution au développent d’un logiciel d’aide à l’analyse de corpus de données audiovisuelles annotés
Résumé de la thèse
Notre recherche doctorale présente une étude longitudinale et multimodale de l’interaction d’un binôme chef-apprentie en situation de travail-formation exolingue en cuisine. Elle s’appuie sur un corpus de captations vidéo-ethnographiques réalisées au cours des six premiers mois de formation puis trois années après alors que la formation se termine. L’analyse vise à rendre compte des principes interactionnels de cette interaction marquée par une asymétrie due à ses dimensions professionnelles, tutorales et langagières, et à dévoiler son caractère dynamique et évolutif. Elle s’intéresse aux ressources langagières multimodales et aux stratégies mobilisées par les interactant·es pour se comprendre et coopérer, à leur coconstruction dans un répertoire partagé et à leur négociation. Elle porte en outre sur les actes révélant l’asymétrie des statuts, dont les actes de positionnements épistémiques, et sur l’attribution réciproque par les interactant·s, via un travail de gestion des faces, de leurs rôles en situation. Une attention particulière est portée à la gestion par le maître de ses trois rôles, celui de chef de cuisine, celui de tuteur et celui de locuteur expert. Celui-ci étant amené à prendre une posture de médiation, on se demande comment elle se conjugue à la posture du chef, un questionnement qui se trouve éclairé par des entretiens en autoconfrontation croisée. La thèse repose sur une méthodologie au croisement de l’analyse conversationnelle d’inspiration ethnométhodologique et de l’analyse de l’activité, dans une perspective socio-anthropolinguistique. Elle est conduite par ailleurs à travers la conception d’un logiciel d’aide à l’analyse de corpus audiovisuels annotés, au moyen duquel nous traitons, organisons et visualisons les données de multiples manières de sorte à en explorer leurs propriétés contextuelles, temporelles et multimodales. Les résultats révèlent la nature polyfacétique de l’interaction où s’entrelacent des enjeux de travail, de formation et de relation interpersonnelle.