La doctrine panhispaniste à l’épreuve du brassage hispanophone :
une étude sociolinguistique et juridique à partir de l’implantation
hispanoaméricaine en Espagne (1990-2025).
Sous la direction d’Anne-Marie Chabrolle-Cerretini (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
En abordant la thématique du panhispanisme à travers le double prisme sociolinguistique et juridique, cette thèse se situe au carrefour de différentes disciplines. L’objectif poursuivi tout au long du travail est profondément civilisationnel : il s’agit de mettre à l’épreuve du terrain une doctrine jusqu’alors purement conceptuelle, à large spectre idéologique et philosophique. Autrement dit, nous cherchons à savoir si le discours panhispaniste est parvenu, au fil des époques, à imprégner les imaginaires individuels et collectifs hispanophones. Le cas échéant, se pose la question de savoir comment se manifeste cette idéologie panhispaniste à échelle individuelle et sociétale. C’est pourquoi nous nous attachons, dans une première partie du travail de thèse, à baliser le mouvement panhispaniste tant dans sa dimension chronologique que conceptuelle. Ainsi, nous avons constaté que le discours panhispaniste délivre un message profondément identitaire et qu’il a globalement vocation à éveiller ou à renforcer chez son destinataire le sentiment d’appartenance à une communauté hispanophone supranationale. Dans l’optique d’éprouver la portée concrète de ce discours sur la population hispanique, nous avons fondé notre recherche sur une étude de cas. Ainsi, la seconde partie de notre travail définit le contexte sociologique, linguistique et temporel à partir duquel nous avons choisi de mener l’expérience de terrain. L’Espagne des années 1990 à nos jours représente un choix judicieux dans la mesure où s’opère sur son territoire un brassage hispanophone démographiquement pertinent, puisque des milliers d’Hispanoaméricains traversent chaque année l’Atlantique pour s’établir en péninsule Ibérique. Dans l’optique de mener à bien notre projet, nous avons misé, dans la troisième partie, sur deux approches correspondant à chacune des échelles visées. Pour interroger la dimension individuelle du panhispanisme, nous avons réalisé une enquête sociolinguistique auprès d’une échantillon de quarante cinq migrants hispanoaméricains installés en Espagne. Ces individus ont été invités à répondre à un questionnaire élaboré par nos soins afin de recueillir leurs perceptions et attitudes linguistiques vis-à-vis des différentes variétés diatopiques de l’espagnol. Concernant les répercussions de l’idéologie panhispaniste à l’échelle collective, nous avons choisi d’analyser et de commenter un corpus de textes juridiques espagnols régissant, pour la plupart, les conditions d’octroi de la nationalité espagnole ou dont la vocation est d’encadrer l’immigration sur le territoire national. L’ensemble des informations recueillies nous permet de confronter des observations de terrain, des données empiriques, aux grandes lignes idéologiques du panhispanisme. Ce faisant, elles nous offrent la possibilité d’éprouver l’impact réel du discours panhispaniste sur la communauté hispanophone.
Affiche_Doctorants_2023_Brahy_ld