Vers une didactique de l’interaction : l’apprentissage avec et sur corpus au service du développement de la compétence interactionnelle en FLE.
Sous la direction de Virginie André.
Cette thèse s’inscrit à l’interface entre la linguistique et la didactique des langues. Plus précisément, elle propose de faire des liens entre la linguistique de corpus et la didactique de l’oral en Français Langue Étrangère (FLE). Les recherches actuelles dans ce domaine s’accordent pour soutenir que l’exposition à la langue cible pour des apprenants est indispensable. L’exploitation de corpus oraux et multimodaux authentiques pour enseigner et apprendre à interagir fait actuellement partie des méthodologies didactiques qui sont expérimentées par de nombreux enseignants et apprenants de FLE selon différentes modalités (Ravazzolo, Etienne 2019 ; Etienne, Jouin 2019 ; André 2019, 2018). Il existe plusieurs façons d’exploiter des corpus à des fins didactiques et plusieurs types de corpus peuvent faire l’objet de séquences pédagogiques en FLE (André 2019). Cette confrontation des apprenants à des corpus en langue cible s’inscrit dans le prolongement de l’utilisation de documents authentiques en didactique (Holec 1990 ; Boulton 2009). Depuis les années 1970, de nouvelles formes d’exposition sont apparues notamment avec les progrès technologiques et l’accès au numérique.
La thèse s’intéressera à l’exploitation des corpus à des fins didactiques selon les principes du data-driven learning (Johns 1991, Aston 2001), traduit en français par l’apprentissage sur corpus (ASC) (Boulton, Tyne 2014), et de l’apprentissage avec corpus (AAC) dans l’optique de développer la compétence interactionnelle des apprenants. Les études menées jusqu’à présent révèlent que l’ASC permet aux enseignants et aux apprenants d’aborder la langue d’une façon novatrice. La question de la compétence interactionnelle est, elle, peu abordée en didactique du FLE. Les apprenants posent alors des questions auxquelles les enseignants ne savent pas ou ne veulent pas répondre, notamment parce que les descriptions du français parlé en interaction sont peu référencées dans les manuels et les grammaires (voir par exemple Blanche-Beneviste, Jeanjean 1987 ; Mondada 2002 ; Kerbrat-Orecchioni 2005 ; Traverso 2016 ; Giroud, Surcouf 2016). Ces questions sont pourtant légitimes et peuvent être traitées conjointement avec l’ASC et l’AAC qui permettent de développer un comportement d’apprentissage plus efficace que la grammaire explicite, celle qui est prescrite par l’enseignant (Lin 2019, Liu 2011, Miangah 2011). Nous mettons également en lumière les stratégies d’apprentissage (Oxford 1990) mises en œuvre lors des séances d’ASC et d’AAC, qui permettent un développement de la conscience langagière des apprenants et, à terme, de la compétence interactionnelle des apprenants. Nous traitons quatre questions de recherche : (1) Comment les apprenants manipulent-ils les données de corpus ? ; (2) Quelles composantes de la compétence interactionnelle les apprenants travaillent-ils ? ; (3) Quelles sont les stratégies d’apprentissage mises en œuvre lors de cette manipulation des données de corpus ? ; (4) Y a-t-il corrélation entre les stratégies d’apprentissage mises en œuvre et le développement de la compétence interactionnelle ?
Towards a Didactics of Interaction: Corpus-Based and Corpus-Driven Learning Approaches to Develop Interactional Competence in FFL
Thesis advisor: Virginie André.