Thèse : L’anaphore résomptive avec recatégorisation : aspects lexicaux, discursifs et pragmatiques

Résumé

L’objectif de cette recherche est d’étudier un type d’anaphore particulier généralement
connu sous le nom d’anaphore résomptive. Ce sujet n’a fait l’objet, à l’heure actuelle, que d’un nombre limité de travaux. Dans ceux existant, nous trouvons plusieurs appellations pour désigner ce même phénomène (anaphore résomptive, anaphore conceptuelle, anaphore par encapsulation, nominalisation, anaphore conceptuelle métaphorique, etc.). Cette diversité indique que ce phénomène textuel n’est pas perçu et compris de la même manière chez les différents auteurs. Le premier objectif de cette recherche a donc été de récolter un nombre suffisamment important d’exemples que l’on peut qualifier d’anaphore résomptive et d’arriver à une définition la plus précise possible.
J’ai constitué mon corpus à partir de textes littéraires (romans, nouvelles, autobiographies), d’écrits scientifiques et d’articles de presse.  En étudiant les
anaphores, je me situe donc dans le domaine de la référence (l’expression anaphorique étant une expression référentielle). Quand j’observe un exemple, j’essaie de retracer la logique qui amène le locuteur/scripteur à choisir telle ou telle expression référentielle. On soulève alors le problème de la disponibilité lexicale ; deux questions sont essentielles :
• Qu’est-ce qui conditionne le choix d’une expression référentielle anaphorique dans une anaphore résomptive ?
• Quels sont les paramètres contextuels qui influencent le choix des expressions référentielles anaphoriques ?
Pour répondre à ces questions, j’adopte une perspective qui se veut tout à la fois
lexicologique, pragmatique et cognitive sur l’anaphore en général :
• Lexicologique : La question du choix lexical des expressions référentielles anaphoriques est primordiale quand on s’intéresse au domaine de l’anaphore.
• Pragmatique : Une approche qui permet de rendre compte de l’usage de la langue fait par les locuteurs en situation de communication.
• Cognitive : Une conception dans laquelle le discours construit une représentation et dans laquelle nous avons une vision dynamique des connaissances partagées.
En suivant ces perspectives, j’ai alors pu créer deux typologies :
• La première concerne le lexique. Elle consiste à analyser la relation sémantique qui existe entre le prédicat verbal de l’expression antécédente et le nom-tête de l’expression anaphorique. Cette analyse m’a amené à distinguer les types d’anaphores résomptives suivants : anaphore résomptive par nominalisation, avec un nom supplétif, par hyperonymie, par « quasi-synonymie », avec recatégorisation, reprenant une énonciation et enfin, un dernier type, que j’ai décidé de nommer, anaphore résomptive-associative.
• La seconde typologie est centrée sur le type de contenu anaphorisé. Dans les anaphores résomptives, ce contenu est toujours de rang propositionnel. On décide d’appeler ce contenu, « situation », comme on le fait habituellement en sémantique verbale. En plus des anaphores résomptives ordinaires de type cette chute, par exemple, j’ai estimé important de distinguer :
− Les cas où l’anaphorique résomptif désigne une réalité événementielle de caractère
énonciatif,
− Et les cas où l’anaphorique résomptif désigne une situation.

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