Ce matin, en écoutant la radio, mon oreille a accroché sur un énoncé prononcé par le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran : « nous allons, à travers la loi autonomie, augmenter la quantité de personnels pour pouvoir augmenter le taux d’encadrement, pour la bientraitance et l’accompagnement des personnes âgées ».
Tiens donc, bientraitance, ça a l’air nouveau…
Quelle surprise! Le dictionnaire d’Antidote 10 répertorie l’unité, sa néologicité n’est donc pas si évidente que ça. Un rapide tour des dictionnaires en ligne m’apprend que l’on trouve la bientraitance chez Larousse, mais pas chez Le Robert, pas non plus dans l’édition en cours du Dictionnaire de l’Académie Française, ni dans le TLFi. La notice même du Wiktionnaire, n’est pas très aboutie… Alors, néologique ou lexicalisée ?
Aucune occurrence dans la base textuelle Frantext, 257 occurrences dans le frWaC… que nous apprennent les livres répertoriés par Google ?
La première occurrence répertoriée semble dater de 1953. Avant 1990, les occurrences sont peu nombreuses et n’apparaissent pas tous les ans. Durant la dernière décennie du XXe siècle, le nombre d’occurrences augmente lentement, puis cette augmentation s’accélère au XXIe siècle, avec un pic en 2013.
Sans grande surprise, l’évolution du nombre d’occurrences de bientraitance suit de près celle du nombre d’occurrences de maltraitance, dont le pic apparaît un an plus tôt.
Les dérivés syntaxiques adjectivaux ou nominaux de bientraitance sont bien plus timidement employés que ceux de maltraitance.
Il sera intéressant de voir comment évolue cette unité et quelle place elle va occuper dans le lexique du français si elle devient un mot-clef de la politique de Solidarités et de Santé française dans les prochains mois. Dans quels motifs lexicaux s’insérera-t-elle ? Et quels sont d’ores et déjà ceux dans lesquels s’insèrent malveillance, bienveillance, maltraitance et bien-pensance, qu’elle évoque spontanément ?