Thèse

L’acquisition des interrogatives partielles en français parlé : situation de diglossie ou exploitations différenciées d’une unique grammaire ?

Sous la direction de Marie-Laurence Knittel et Christophe Benzitoun

 

Dans ce travail de thèse, nous proposons de réfléchir à l’articulation entre grammaire première/variété basse et grammaire seconde/variété haute en français, et à leur mode d’acquisition/apprentissage. Pour ce faire, nous prendrons l’exemple des différentes réalisations des interrogatives partielles en français parlé en focalisant l’attention sur les interrogatives avec inversion du pronom sujet (quand viendrez-vous ?), par opposition aux formes quand est-ce que vous viendrez ? et vous viendrez quand ?, également disponibles. Les premières structures ont un statut particulier : bien qu’enseignées à l’école comme étant la forme interrogative par excellence, elles demeurent peu usitées dans la langue ordinaire parlée par une large partie de la population, ce qui constitue un critère d’identification de la variété haute.
La coexistence des formes ci-dessus en français soulève deux séries de questions.
– La faible fréquence des formes à inversion résulte-t-elle d’une plus grande complexité de cette structure, nécessitant un traitement plus élaboré, ou est-elle simplement due à son caractère formel et ‘artificiel’ en français contemporain ? Ou bien encore ces deux phénomènes sont-ils en œuvre ? Ces interrogations constitueront la première thématique de la présente thèse.
– D’autre part, la coexistence de variantes présentant un écart important au sein d’une langue unique, le français, met en évidence l’existence d’une possible situation de diglossie, dans laquelle une langue perçue comme unique par la communauté est implémentée par deux grammaires distinctes par les locuteurs. De là émerge une seconde série de questions, portant sur la manière de rendre compte de la variation entre les formes hautes et basses. Ainsi, on s’interrogera sur les paramètres responsables de la génération de formes différentes, face à ce qui rend compte de leurs points communs.